Expérimenté pour la première fois à l’automne 2013, le projet de « classe dialoguée » est issu d’une riche collaboration entre deux enseignants du département de philosophie: Rémi Robert et Serigne Touba Mbacké Gueye.
Qu’est-ce que la « classe dialoguée »?
Cette méthode d’apprentissage collaboratif rassemble, en un même lieu, les étudiants de deux groupes-cours, ayant des enseignants différents, afin de favoriser entre eux des échanges soutenus et rationnels, portant sur divers thèmes philosophiques.
L’objectif poursuivi est de créer une structure d’expression propice à la réalisation d’un esprit de dialogue et de discussion entre les étudiants. Ainsi, au terme de chaque « classe dialoguée », les étudiants ont une idée plus précise d’un sujet controversé de philosophie, au-delà des impressions et dogmes antérieurement reçus. Ils acquièrent également les valeurs citoyennes élémentaires, basées sur les principes fondamentaux de la démocratie et du vivre ensemble sociétal.
Comment se déroule une séance de « classe dialoguée » ?
Dans un premier temps, les enseignants communiquent aux étudiants, une semaine à l’avance, les sujets qui seront abordés lors de la « classe dialoguée ».
Le jour de la séance, les étudiants s’installent comme ils le souhaitent dans la salle (aucune restriction de positionnement n’est imposée).
Les discussions sont organisées en quatre manches, complétées par une plénière.
Première manche
La séance débute par un rappel du déroulement de l’activité et du sujet de discussion par les enseignants. Un temps de réflexion individuel est laissé aux étudiants afin qu’ils puissent préparer leurs interventions.
Deuxième manche
La parole est laissée aux étudiants qui interviennent individuellement à tour de rôle.
Chaque étudiant a un maximum de deux minutes pour exprimer son point de vue. Une fois le temps écoulé, le droit de parole est donné, en priorité, à un étudiant du groupe opposé. Si personne dans le groupe désigné ne souhaite s’exprimer, la parole revient au premier groupe.
Tout au long des échanges, les enseignants peuvent intervenir pour relancer le débat et ainsi éviter des vides d’expression. Mieux, si les étudiants ne prennent pas la parole, un dialogue s’établit automatiquement entre les deux enseignants qui poursuivent la discussion jusqu’à ce qu’un étudiant décide de les interrompre pour donner son point de vue. Ainsi reprend la discussion entre les étudiants.
Troisième manche
Après trente minutes d’échange, les enseignants procèdent à un résumé des points saillants des propos tenus par les étudiants. Par la suite, ils relancent le débat et les discussions occupent les vingt minutes suivantes, au terme desquelles une pause de dix minutes est observée.
La distribution du temps de parole s’effectue selon les mêmes règles que la deuxième manche.
https://www.youtube.com/watch?v=3ZiJGFkkWLw
Quatrième manche
Les étudiants, constitués en équipes de quatre ou cinq, doivent exercer leur réflexion, prendre des notes, etc. à partir d’un sujet actualisé, déterminé par les enseignants durant la pause. Pour ce faire, une période de 15 minutes leur est allouée.
Plénière
La position de chaque équipe est présentée devant la classe par le porte-parole du groupe, en compagnie de ses coéquipiers. Chaque intervention est d’une durée maximale de deux minutes.
À la suite de chaque présentation, les autres étudiants sont invités à poser des questions, apporter des précisions et émettre des commentaires de fond et de forme. Si des remarques importantes sont omises, les enseignants interviennent pour les souligner et expliquer, au besoin, les règles appropriées. Les interventions des étudiants et des enseignants ne peuvent excéder trois minutes (un temps total de cinq minutes, pour la présentation et les interventions, est accordé à chaque équipe).
Ainsi, les 45 dernières minutes de la « classe dialoguée » sont exclusivement réservées à la plénière dont le principal but est de permettre aux étudiants des différents groupes de se familiariser avec la présentation de positions rationnelles, argumentées, justifiées et soumises à la critique.
https://www.youtube.com/watch?v=mw5mBq7obvE
Ce qu’en pensent les enseignants?
La fructueuse collaboration pédagogique entre collègues et les retombées positives de ladite pratique sur l’apprentissage philosophique de nos étudiants constituent sans aucun doute les principaux avantages de cette approche pédagogique.
Ce qu’en pensent les étudiants?
Témoignage d’Andréa Beaulieu:
Tout d’abord, la classe dialoguée à laquelle j’ai participé et qui portait sur le thème de la démocratie m’a vraiment permis de mieux saisir les notions dont elle traitait, parce qu’elle m’a permis de connaître quelles étaient les positions des autres étudiants et quels étaient les arguments qu’ils utilisaient pour défendre leur point de vue. Les informations supplémentaires transmises par les enseignants lors de cette classe ont également été bénéfiques afin de mieux comprendre le sujet traité. Par exemple, il a été intéressant de prendre le temps de bien définir, au début de la classe, ce que signifie réellement la démocratie représentative, car puisque c’est un sujet plutôt complexe, on peut penser que l’on possède la bonne définition de ce concept, alors qu’en fait, ce n’est pas tout à fait la bonne signification. J’ai eu la chance de comprendre que la démocratie représentative est un système qui se vaut et qui est adéquat, mais qui n’est pas parfait. En effet, il a été possible de comprendre que plusieurs étudiants croient que l’application d’une démocratie représentative n’incarne pas nécessairement la volonté générale de la société, c’est-à-dire que la personne qui est élue et qui possède le pouvoir représente plus la majorité de la population que la réelle volonté générale du peuple en entier.
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