Vous êtes sans doute très nombreux à avoir entendu parler de classe inversée au cours de la dernière année. Comme conseillère pédagogique, je me devais de garder l’oeil ouvert et de saisir les occasions de m’approprier le concept et d’en savoir plus à propos de cette tendance. Ma plus grande surprise a été de constater à quel point ce sujet avait rapidement piqué la curiosité dans notre milieu. Prenons donc le risque de voir les choses autrement quelques instants…
On inverse quoi au juste?
Avant tout, il importe de comprendre de quoi il retourne. La philosophie de la classe inversée implique le réaménagement des activités qui se font en classe et à l’extérieur de la classe. L’objectif premier est de libérer du temps en classe pour favoriser une pédagogie dite active où les étudiants réalisent des activités concrètes, individuellement ou en équipe, en présence de l’enseignant et des pairs. Pour libérer ce temps de qualité, la portion théorique qui occupe une certaine proportion du temps en classe fait dorénavant partie du travail à réaliser à l’extérieur de la classe.
Cette approche, bien qu’elle semble simple, amène son lot de défis. D’abord, cela demande à l’enseignant de revoir sa planification, d’accorder une attention particulière au design pédagogique de ses cours et d’accepter le caractère imprévisible de l’accompagnement personnalisé d’un groupe d’étudiants. De plus, les activités hors classe requises pour l’appropriation théorique et la préparation aux activités doivent être adéquatement encadrées. Cela nécessite des attentes claires, des ressources d’apprentissage (par exemple, des capsules vidéos) et des méthodes de suivi (par exemple : des tests en ligne à faire en devoir, une activité synthèse en équipe, une révision à l’aide de télévoteurs, etc.). Notons par ailleurs que la pédagogie inversée est parfois associée au concept de classe d’apprentissage actif, puisque les activités en classe demandent plus de flexibilité et des aménagements pouvant être adaptés aux besoins.
Les ressources proposées dans ce billet vous permettront de vous faire votre propre idée à ce sujet et d’approfondir la thématique.
Des classes inversées au collégial?
Oui, dans le réseau collégial, des enseignants expérimentent ce concept et l’intègrent dans leur pratique. Les deux enseignants les mieux connus actuellement pour leur expérience en classe inversée sont sans aucun doute Samuel Bernard, enseignant en Mathématique au Cégep régional de Lanaudière à Terrebonne, et Christian Drouin, enseignant de Chimie au Collège de Maisonneuve. Ceux-ci ont partagé leur pratique à plusieurs reprises (colloques, publications, etc.).
Notons par ailleurs qu’en octobre dernier, le MESRST annonçait un projet de partenariat entre l’Université de Montréal et le Cégep régional de Lanaudière à Terrebonne visant à développer des ressources éducatives numériques pour l’enseignement et l’apprentissage des mathématiques (production de capsules vidéos et de ressources éducatives ouvertes à l’intention des enseignants). Ce projet est directement lié au développement de la classe inversée.
Je vous invite chaudement à consulter les espaces Web de ces deux enseignants.
Samuel Bernard
- Son site : Le projet Mathéma-TIC
- Article « Mon prof sur Youtube » paru en novembre 2012 dans le magazine l’Actualité
- Récit Profweb « Apprendre les mathémaTICs au moyen d’une classe inversée »
- Conférence « La baladodiffusion comme moteur de la classe inversée »
Christian Drouin
- Son site : MrProfdeChimie (en plus des contenus de cours destinés aux étudiants, il vous offre une zone dédiée à la classe inversée)
- Récit Profweb « La classe inversée : un catalyseur de changement ! »
- Suivez-le sur Twitter : https://twitter.com/christiandrouin
Et si ça existait au Cégep de Granby?
Plus près de nous, Joy Blake, enseignante en anglais, transforme graduellement ses façons de faire. Joy, tout comme d’autres enseignants du département de Langues, aspire à des classes construites autour d’ateliers ou de stations de travail durant lesquelles les étudiants peuvent cheminer à leur rythme en comptant sur la présence de l’enseignant pour les accompagner dans leur parcours. Joy explique qu’elle ne fait pratiquement plus de grammaire en classe. Les ressources qu’elle diffuse en ligne permettent aux étudiants de s’approprier la théorie de la grammaire et de visionner aussi souvent qu’il le faut les capsules vidéos explicatives à la fois rigoureuses et ludiques. En voici un exemple, avec la capsule « past tenses sockpuppet »:
Pour voir d’autres exemples de capsules pour apprendre les règles de grammaire en anglais, consultez la chaine YouTube de Joy Blake. Notez que cette chaine sert également de lieu de diffusion de capsules réalisées par des étudiants.
Références complémentaires pour aller plus loin
Sur la page d’accueil du site « The Flipped Classroom: Turning the Traditional Classroom on its Head », vous trouverez une vulgarisation intéressante de la petite histoire de la classe inversée.
Le Service de Soutien à la Formation (SSF) de l’Université de Sherbrooke a produit un dossier de veille sur la question. Voici les principaux textes qui constituent ce dossier :
- De retour en classe… inversée : enthousiasme, scepticisme et recherches
- Un professeur d’informatique inverse son enseignement
- Québec, France, Belgique, États-Unis : quatre expériences de classe inversée
- Faire la classe mais à l’envers : la flipped classroom
Dans les médias, on retrouve également des articles comment celui-ci :
La «classe inversée» : le pari d’enseigner à l’envers (Lapresse.ca, Le Soleil, septembre 2013)
Finalement, je vous invite à garder l’oeil ouvert aux nombreuses opportunités qui vous sont offertes pour prendre contact avec cette approche pédagogique. En effet, les activités offertes par l’APOP, le colloque de l’AQPC, le Colloque international sur les TIC en éducation, les chroniques et récits Profweb et les nombreux colloques disciplinaires sont des sources d’information et de perfectionnement susceptibles de combler vos besoins.
[Note aux lecteurs : il ne s’agit pas ici de s’endoctriner dans un modèle aux promesses grandioses. La pédagogie inversée n’est pas la panacée, tout comme les nombreuses autres stratégies expérimentées dans le réseau de l’éducation comme les jeux de rôle, les tableaux interactifs, l’exposé magistral, l’apprentissage par projet, les classes d’apprentissage actif, l’étude de cas, l’intégration des tablettes tactiles, l’enseignement par les pairs, l’utilisation des télévoteurs, le travail en équipe, etc. Il s’agit plutôt d’être attentifs à ce qui se fait ailleurs dans le milieu de l’éducation, d’expérimenter de nouvelles stratégies, de varier les activités et d’adopter selon le contexte celles qui correspondent le mieux à la nature des programmes d’études, des cours, des enseignants et des étudiants. Nous y reviendrons dans un prochain billet, ou dans un prochain midi pédagogique!]
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