Entrevue avec Nancy Bonneau
Coordonnatrice du département de Soins infirmier

 

Vous avec élaboré, en Soins infirmiers, un outil de support pédagogique en vue de favoriser le développement professionnel des étudiants.

Qu’est-ce qui vous a motivé à mettre en place et d’appliquer cet outil?

Il nous apparaissait important de déterminer une méthode de travail qui soit applicable à l’ensemble du programme et qui nous permettrait de conserver une trace écrite de nos interventions. Aussi, il était essentiel pour nous d’avoir un outil qui permettrait à l’étudiant de réfléchir sur les actions posées et de trouver des moyens, avec l’aide des enseignantes, pour corriger les comportements.

Initialement, nous avions comme objectif d’utiliser cet outil afin de souligner également les bons coups, les améliorations, mais jusqu’à présent, le temps nous manque!

À quel moment décidez-vous de compléter ce formulaire?

Après un premier avis verbal, si la situation n’a pas d’impact immédiat sur la sécurité du patient, et dès que l’on désire une prise de conscience rapide et une modification réelle d’un comportement ou d’une pratique particulière. Cela pourrait être, par exemple, lorsqu’un étudiant utilise son cellulaire en classe, qu’il ne remet ses travaux à la date convenue, qu’il soit absent ou qu’il arrive en retard en classe, qu’il ne fait pas les exercices formatifs en ligne, etc.

Cette pratique s’applique-t-elle à tous les étudiants?

Oui, c’est ce que nous souhaitons. Nous l’avons même proposé à certaines disciplines contributives.

Comment procédez-vous, quelles informations consignez-vous?

Notre outil s’inspire grandement d’un outil réel, utilisé dans le travail de l’infirmière. Nous consignons la date, le lieu, la compétence et parfois des articles des règlements du collège (ex : PIEAE) ou du Code de déontologie des infirmières et infirmiers, qui n’ont pas été respectés.

Nous y notons une description des faits et nous inscrivons ce que les enseignantes ont accompli pour accompagner l’étudiant. Ce dernier doit compléter la section sur l’impact possible de son comportement et trouver des solutions afin d’éviter la récidive. Le document est par la suite dûment signé par les deux entités.

L’outil est ensuite déposé dans une filière où il est conservé dans le dossier de l’étudiant, ce qui permet aux  enseignantes de faire un suivi tout au long de la formation.

Quels types de suivis effectuez-vous à l’aide de cet outil?

Chaque enseignante qui initie un outil de support a la responsabilité d’intervenir, de compléter l’outil,  puis d’assurer les suivis nécessaires auprès de l’étudiant concerné par cette mesure particulière. Il importe de s’assurer, dans un premier temps, que l’étudiant a lu, complété et signé l’outil, puis l’enseignante  doit déposer l’outil dans le dossier de l’étudiant

Si le comportement se reproduit à nouveau, l’enseignante consulte l’outil puis fait les suivis avec l’étudiant. À cette étape, la coordination départementale est habituellement impliquée. Aussi, il arrive, dans les cas de récidive, que les outils complétés soient envoyés au Carrefour à la réussite éducative pour avoir l’appui d’API, de la psychoéducatrice ou même du directeur adjoint (mise sous contrat).

Nous constatons que, de façon régulière, la situation se corrige rapidement .

Quels  sont les avantages d’utiliser cet outil?

La lecture, la rédaction et la signature par l’étudiant l’aident à se conscientiser et le rendent responsable de son comportement. Cette façon de faire démontre l’importance qu’on accorde à l’étudiant en l’accompagnant dans la recherche de solutions. En cas de récidive, l’écrit déjà présent permet de vérifier avec l’étudiant ce qui a été fait dans les mesures qu’il devait mettre en place, de valider les raisons de la récidive et d’accélérer le traitement de la situation avec le Carrefour à la réussite en cas de besoin.

Y a-t-il des inconvénients?

Comme tous les outils, il y a des inconvénients… Il est difficile d’avoir une application uniforme quand nous sommes un grand nombre d’enseignantes. Nos valeurs sont différentes ce qui fait que certaines sont plus permissives ou d’autres plus rigoureuses, mais n’est-ce pas la beauté de la collégialité que d’avoir notre liberté!

Le temps qu’on accorde à cet outil est assez important, car il comporte la rédaction, la discussion avec l’étudiant et un suivi en cas de besoin. Cependant, il s’agit d’un investissement, car lorsque la situation se détériore, par exemple, nous n’avons pas à retracer les faits. Nous constatons également des retombées positives de cet outil puisqu’il y a des impacts réels auprès des étudiants et ce, assez rapidement.

Auriez-vous quelques conseils à formuler aux enseignants qui souhaiteraient mettre en place cette pratique?

Il faut être prêt à investir du temps et à essuyer des mécontentements de la part des étudiants.

Il est très IMPORTANT de démontrer à l’étudiant que l’objectif n’est pas de le sanctionner, mais de l’accompagner dans son processus d’atteinte des compétences, qu’il s’agit d’abord et avant tout d’une mesure d’aide et de support. Toutefois, si aucun moyen n’est pris par l’étudiant pour remédier à la situation, il est possible que l’usage devienne pénalisant pour lui.

Il faut être patient, cela fait trois ans que nous avons débuté l’utilisation de l’outil et l’intégration n’est pas complète. Par contre, je demeure persuadée que cet outil est essentiel à la bonne réussite des étudiants et j’y vois toute sa pertinence.

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