« Le savoir dicte le savoir-faire, mais la qualité de celui-ci dépend du savoir-être ». (Victor Levant, 1997)

Le but poursuivi par le présent texte n’est pas de faire état des différentes théories qui existent sur le sujet, mais plutôt de partager une certaine vision de l’importance de l’enseignement d’habiletés liées au savoir-être dans un milieu d’enseignement supérieur.

En pédagogie et plus particulièrement en approche par compétences, il est fréquent de parler des trois savoirs (savoir, savoir-faire et savoir-être). Cela étant dit, le savoir-être demeure parfois un peu flou…Pourtant, une fois sur le marché du travail, ce savoir-être se précise au point de faire la différence lorsque vient le temps de décrocher un emploi ou de le conserver, surpassant parfois les connaissances et l’expertise.

Lorsqu’on parle de savoir-être, le terme « savoir-faire relationnel » peut également être employé. On fait alors référence aux habiletés relationnelles, de coopération, de responsabilisation, d’actions pro-sociales et de contrôle émotionnel. Ce savoir-être revêt également une dimension professionnelle, laquelle il faudra être en mesure d’intégrer dans le cadre d’un emploi.

De façon générale, il est naturel d’associer le savoir-être aux programmes techniques. C’est une évidence surtout lorsque vient le temps d’aider les étudiants dans la recherche d’un stage et, un peu plus tard, à dénicher un emploi. On met donc beaucoup d’énergie en fin de parcours pour leur inculquer quelques bonnes pratiques d’employabilité.

Est-ce le bon moment et qu’en est-il des programmes menant à l’université ?

Sachant que le savoir-être puise sa source dans la dimension personnelle de chaque individu, il s’avère judicieux d’introduire rapidement l’importance et le sens du savoir-être dans la formation académique professionnelle de tout étudiant. Rapidement en effet puisque l’évolution de la dimension personnelle varie beaucoup d’un individu à l’autre et cette dimension se construit au fil du temps et selon les expériences et l’environnement de chacun.  Il serait donc tout aussi pertinent d’amorcer certains aspects du savoir-être pour les étudiants en formation pré-universitaire. Effectivement, qu’ils soient à la veille d’intégrer le marché du travail ou à quelques années de celle-ci, l’intégration et l’appropriation d’habiletés liées au savoir-être ne peuvent se faire sur une courte période.

Comment transmettre un savoir-être ?

Il existe bien sûr plusieurs dimensions au savoir-être, mais partons du fait que le savoir-être est un savoir-faire relationnel; on pense ici à la communication et à l’établissement de liens avec les gens que nous côtoyons quotidiennement dans le cadre de diverses activités mais aussi avec de futurs collègues et supérieurs.  Il est vrai que l’enseignement d’une compétence liée au savoir-être est plus complexe, surtout lorsque vient le temps de l’évaluer. En premier lieu, on peut penser à la notion de transférabilité comme moyen d’intégration. Ainsi, l’exemple demeure jusqu’à présent un des meilleurs moyens;  « L’exemplarité n’est pas un moyen d’influencer, c’est le seul. » (Albert Schweitzer). C’est donc dire que les enseignants, acteurs de première importance auprès des étudiants, ont le pouvoir d’influencer les comportements de leurs étudiants, en autant qu’ils adoptent eux-mêmes des comportements adéquats. Deuxièmement et en lien avec l’évaluation, une grille d’observation et de rétroaction des habiletés à évaluer peut être utilisée. Idéalement, les habiletés à prendre en compte devraient faire l’objet d’un consensus parmi les enseignants d’un même programme (Il n’est pas question ici d’aller plus loin dans les critères d’évaluation et de sa méthodologie. Toutefois, plusieurs guides et outils sont disponibles). Le consensus est de mise car il permet de miser sur des habiletés qui sont transférables et observables par plusieurs enseignants d’un même programme. De plus, ces habiletés sont identifiées comme étant celles jugées les plus importantes en lien avec le profil de sortie de l’étudiant au sortir de sa formation.

Enfin, il serait intéressant de réfléchir davantage sur le fait que le savoir-être, quel que soit l’appellation qu’on lui donne, est souvent négligé dans l’enseignement pour diverses raisons, dont les caractères complexe et subjectif de son évaluation. Afin de mieux en prendre compte, peut-être aurait-on  avantage à consulter les acteurs du marché du travail ?

Quelques définitions…

  • Selon l’AFNOR (Association française de normalisation) :
    « Le savoir-être correspond à la capacité de produire des actions et des réactions adaptées à l’environnement ».
  •  Selon Henri Boudreault, Ph. D.:
    « Le savoir-être est un état d’esprit qu’une personne adopte à l’égard d’elle-même ou envers les autres dans une situation, selon les circonstances ou les évènements, qui l’incitent à une manière d’être ou d’agir ».
  • Selon l’Association canadienne de la formation professionnelle :
    « La compétence professionnelle c’est la démonstration par un individu qu’il possède la capacité – c’est-à-dire les connaissances (le savoir), les habiletés (le savoir-faire) et les attitudes (le savoir-être) d’accomplir un acte professionnel, une activité ou une tâche conformément à une norme ou à toute autre exigence prédéterminée ».

Compétence professionnelle. Henri Boudreault, 2002.

 Source : Avez-vous dit compétences? Blogue « Didactique professionnelle« , avril 2010.